Maladie

Soigner le psoriasis : mon parcours vers la guérison

Une rechute après plusieurs années de rémission n’est pas forcément le signe que tout a échoué. Les protocoles évoluent : il n’est plus rare d’alterner ou de combiner différentes méthodes, histoire de déjouer les résistances ou de limiter les effets secondaires. Mais lorsqu’on suit tout à la lettre et que les plaques restent, la question se pose : sur quels critères s’appuie-t-on depuis tant d’années pour dire qu’un traitement fonctionne ?Le paysage des soins change vite. De nouvelles stratégies complémentaires émergent et bousculent la façon dont on aborde le problème. Finalement, chaque phase du suivi nécessite des ajustements ; pas de ligne droite ici, simplement des détours qu’il faut apprendre à négocier.

Psoriasis : mieux comprendre une maladie complexe et ses répercussions au quotidien

Le psoriasis dépasse la simple histoire de plaques cutanées. On parle d’une maladie inflammatoire chronique, trois millions de Français sont concernés. Les signes les plus courants : plaques rouges épaisses et squameuses, parfois recouvertes de pellicules blanchâtres, qui colonisent souvent le cuir chevelu, les coudes, les genoux ou encore le bas du dos. Tous les types de psoriasis ne se ressemblent pas : il existe le psoriasis en plaques, la forme la plus fréquente, le psoriasis en gouttes, et, plus rarement, des variantes sévères comme le psoriasis pustuleux. Et parfois, la maladie poursuit sa trajectoire au-delà de la peau : le rhumatisme psoriasique s’attaque alors aux articulations et bouleverse le quotidien.

Impossible toutefois de réduire cela à une question d’hérédité. Le style de vie, la pression psychique, les infections, l’alcool ou la cigarette viennent allumer la mèche. Les poussées s’accumulent et, avec elles, leurs lots d’ennuis : maladies cardiovasculaires, diabète de type 2, obésité, un risque d’infarctus accru… Plus récemment, des chercheurs scrutent le microbiote intestinal : améliorer la compréhension du psoriasis passerait aussi par cette nouvelle porte d’entrée.

Ces atteintes visibles pèsent bien plus lourd que ce qu’on croit sur la vie de tous les jours. Fréquemment, anxiété, repli sur soi, dépression deviennent eux aussi des compagnons de route, aussi bien chez l’adulte, l’enfant que le nourrisson. Oui, parfois, l’exposition modérée au soleil adoucit un peu la situation, mais prendre soin de soi se joue sur un ensemble de plans. Les associations de patients rappellent inlassablement : le psoriasis va bien au-delà de la peau, il concerne tout le corps et chamboule la vie quotidienne.

Quels traitements existent aujourd’hui et comment choisir son parcours de soin ?

Face au psoriasis, le temps du traitement unique est révolu. La diversité des solutions parle d’elle-même : il faut s’adapter à la réalité du terrain. Pour les formes localisées, peu étendues, des crèmes dermocorticoïdes ou analogues de la vitamine D s’avèrent parfois suffisants pour dompter les plaques, surtout au cuir chevelu ou aux coudes.

Quand les lésions résistent ou s’étendent, il faut passer à la mécanique lourde : traitements systémiques en vue. Que ce soit le méthotrexate, l’acitrétine ou la ciclosporine, ces molécules jouent sur le système immunitaire et nécessitent un contrôle médical rapproché, à cause du risque d’effets secondaires. À côté, la photothérapie UVB encadrée par un dermatologue peut se révéler efficace, selon le cas.

La révolution la plus marquante de ces dernières années : les biothérapies. Bien ciblées, elles neutralisent certains acteurs précis de l’immunité, interleukines, TNF-alpha. Des médicaments comme adalimumab, ustekinumab, secukinumab, ixekizumab ou risankizumab bouleversent la prise en charge des formes sévères. Les résultats sont souvent rapides et se maintiennent dans la durée, avec pour beaucoup de personnes, un vrai tournant dans leur qualité de vie. Ici, la décision de prescrire se prend avec un professionnel spécialisé, parfois dans le cadre de réseaux collaboratifs qui orientent et ajustent le parcours.

La dimension psychologique ne compte pas pour du beurre. Articuler le suivi entre dermatologue, médecin généraliste et, si besoin, psychologue, permet d’élaborer une prise en charge sur-mesure. Les associations jouent aussi leur rôle en informant, orientant, et fédérant les patient·es : un appui pour mieux comprendre les alternatives et suivre un traitement sans s’épuiser ni se décourager.

Homme appliquant une crème dans son jardin en plein air

Mon expérience personnelle : entre espoirs, doutes et avancées vers la guérison

Un matin, le psoriasis a surgi sans prévenir. Au début, des taches rouges épaisses sur les coudes, puis sur le cuir chevelu. Ce fut un choc. Mon rapport à mon corps a basculé. Les regards appuyés me rappelaient que cette maladie ne se cantonne pas à la peau. Rapidement, la qualité de vie est devenue une préoccupation omniprésente. Le stress aggravait chaque poussée. L’incertitude, l’anxiété et parfois la solitude s’invitaient eux aussi.

Puis, au détour d’une consultation, un mot nouveau est apparu : guérison. Pas comme promesse, mais comme espoir à explorer. J’ai suivi la voie tracée par les soignants : d’abord les traitements locaux, puis, face à l’extension des lésions, une biothérapie anti-IL23, le risankizumab (Skyrizi). Les premières semaines furent marquées par l’attente, les doutes, parfois la déception. Et puis, discrètement, la peau a commencé à retrouver son élasticité ; les lésions ont pâli, se sont faites plus discrètes.

Partager avec d’autres patients a tout changé. S’appuyer sur une communauté, découvrir les récits de personnes connues comme Tallulah Harlech ou lire les mots de John Updike, permet de relativiser l’isolement. La maladie ne choisit ni milieu, ni génération.

Aujourd’hui, le psoriasis ne gouverne plus mon emploi du temps. Peu à peu, j’ai repris confiance pour aller de l’avant, et j’écoute différemment les messages que m’envoie mon corps. Pour moi, avancer vers la guérison, ce n’est pas simplement chasser les plaques, c’est surtout renouer avec un enthousiasme quotidien, un souffle neuf, enfin libéré de la maladie et de ses injonctions.