Facteurs génétiques des jumeaux : rôle du père et de la mère dans leur conception
Le nombre de jumeaux dans le monde a augmenté de 30 % depuis les années 1980, selon une étude parue dans Human Reproduction. Contrairement aux idées reçues, la transmission de la gémellité n’obéit pas aux mêmes lois selon qu’il s’agit du père ou de la mère. Chez les jumeaux dizygotes, seule l’hérédité maternelle semble jouer un rôle direct, tandis que la contribution paternelle reste limitée.
Les facteurs environnementaux, comme l’âge ou certains traitements de fertilité, modifient aussi la probabilité de conception gémellaire. Le suivi médical demeure essentiel pour accompagner ces grossesses à risques spécifiques.
Plan de l'article
Comprendre la gémellité : jumeaux identiques ou fraternels, quelles différences ?
Deux grands types de jumeaux émergent dans les grossesses gémellaires : les jumeaux monozygotes dits identiques ou homozygotes et les jumeaux dizygotes, souvent qualifiés de fraternels. La distinction tient à l’origine même de la conception. Les premiers résultent de la division d’un seul ovule fécondé par un spermatozoïde. Ces deux embryons partagent alors un patrimoine génétique quasi identique, comparable à deux gouttes d’eau au niveau ADN. Dans la majorité des cas, ces jumeaux partagent aussi le même placenta et parfois le même sac amniotique, bien que des variations existent selon le moment de la séparation embryonnaire.À l’inverse, les jumeaux dizygotes proviennent de la fécondation simultanée de deux ovules par deux spermatozoïdes distincts. Leur patrimoine génétique diffère, tout comme chez de simples frères et sœurs. Ils ne partagent ni placenta ni sac amniotique : chaque embryon se développe dans son propre environnement intra-utérin. Ce phénomène, appelé aussi poly-ovulation, explique pourquoi la proportion de jumeaux dizygotes varie selon les populations, l’âge maternel ou certains antécédents familiaux.Le taux de naissances gémellaires reste stable chez les monozygotes, avec environ 4 naissances pour 1000, alors que celui des dizygotes varie fortement et peut dépasser 20 pour 1000 dans certains pays. L’augmentation des naissances multiples complexifie le suivi médical : chaque type de gémellité pose ses propres défis, que ce soit lors de la grossesse ou au moment de l’accouchement. Les protocoles s’ajustent alors, selon la nature du duo, pour accompagner au mieux les parents et anticiper les complications spécifiques.
Facteurs génétiques et rôle respectif du père et de la mère dans la conception de jumeaux
La question génétique mérite d’être précisée : mère et père n’influencent pas de la même manière la probabilité d’avoir des jumeaux. Les recherches montrent que :
- Chez les jumeaux dizygotes, la capacité de la femme à ovuler deux fois dans un même cycle, la fameuse poly-ovulation, dépend de facteurs héréditaires transmis par la lignée maternelle.
- Un homme porteur du gène favorisant la poly-ovulation ne verra pas son propre risque de paternité gémellaire augmenter, mais pourra le transmettre à ses filles, qui, à leur tour, auront plus de chances de mettre au monde des jumeaux dizygotes.
Ce mode de transmission éclaire pourquoi on retrouve des familles de jumeaux sur plusieurs générations, mais principalement du côté maternel. Le père agit alors comme relais génétique, sans que cela ne se traduise dans sa propre descendance directe.
Pour les jumeaux monozygotes, la donne change : jusqu’à présent, aucune prédisposition familiale ou génétique nette n’a été mise en évidence. Leur fréquence reste stable dans toutes les populations, quels que soient les antécédents, avec près de 4 naissances monozygotes pour 1000 en France comme ailleurs. Ici, ni la mère ni le père n’ont d’impact mesurable sur la survenue de ces jumeaux dits identiques.
Grossesses multiples : enjeux médicaux, facteurs environnementaux et l’importance d’un suivi professionnel
Lorsque plusieurs bébés s’annoncent, les enjeux dépassent la simple transmission des gènes. En France, environ 2 % des naissances sont multiples, une hausse portée par le recours plus fréquent à la fécondation in vitro (FIV) et l’augmentation de l’âge des mères. Mais chaque grossesse gémellaire accroît le risque de complications pour la mère comme pour les enfants. Prématurité, retard de croissance, syndrome transfuseur-transfusé chez les jumeaux partageant un placenta : la vigilance médicale débute dès le suivi prénatal.
Le syndrome transfusion fœto-fœtale, pour ne citer que lui, touche entre 10 et 15 % des grossesses monochoriales. Un déséquilibre circulatoire s’installe alors entre les deux fœtus, ce qui peut entraîner des conséquences graves si la prise en charge ne se fait pas rapidement. La mortalité périnatale reste nettement plus élevée chez les jumeaux que chez les enfants uniques, ce qui souligne l’exigence d’un accompagnement médical rigoureux et spécifique à chaque contexte.
Certains facteurs environnementaux pèsent également dans la balance. En Afrique centrale, par exemple, les taux de naissances gémellaires sont parmi les plus élevés au monde. Plusieurs hypothèses circulent : alimentation à base de patates douces riches en phytoestrogènes, contexte génétique particulier, ou encore recours aux traitements de stimulation ovarienne dans d’autres régions du globe.
Dans la pratique, le suivi médical s’adapte à la nature de la gémellité. On multiplie les échographies, on surveille de près la croissance des fœtus et l’état de santé de la mère, on anticipe chaque complication possible avec une équipe pluridisciplinaire rassemblant obstétriciens, sages-femmes et pédiatres. Chaque grossesse multiple devient alors un véritable défi collectif, où la préparation et l’anticipation peuvent tout changer.
Face à la montée du nombre de naissances multiples, la génétique ne fait pas tout : l’accompagnement humain, la vigilance médicale et l’écoute restent les meilleurs alliés pour traverser cette aventure hors norme. À l’arrivée, deux cœurs qui battent à l’unisson rappellent que la science éclaire le chemin, mais que la vie conserve toujours sa part d’imprévu.
