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Drogue chez les sportifs : les substances les plus utilisées et leurs appellations

Un chiffre sec, implacable : en 2023, près d’un contrôle antidopage sur vingt montre la présence d’une substance interdite chez les sportifs professionnels. L’Agence mondiale antidopage publie des statistiques qui font grincer des dents. Les listes officielles changent, des molécules disparaissent, d’autres font leur entrée, mais certains noms reviennent comme des refrains entêtants : EPO, testostérone synthétique, rien ne semble pouvoir les déloger du haut du palmarès.

Derrière les formules chimiques, les surnoms foisonnent dans les vestiaires et sur les forums. Les autorités et les médecins voient leur tâche se compliquer, car les stratégies se font subtiles. Désormais, l’usage de ces produits s’inscrit dans une mécanique sophistiquée, où la soif de performance tutoie l’angoisse de la sanction.

Le dopage dans le sport : comprendre les enjeux, l’histoire et la réglementation

Le dopage ne s’est pas invité récemment sur le devant de la scène. Dès les débuts du XXe siècle, coureurs et cyclistes cherchaient déjà la potion qui leur offrirait une longueur d’avance, bien avant que l’on parle de substances interdites telles qu’on les désigne aujourd’hui. Les règles se sont durcies au fil des records fracassés, poussant autorités et fédérations à serrer la vis autour de tout ce qui pouvait fausser la compétition : produits, méthodes, voire techniques médicales détournées.

En matière de réglementation, tout tourne autour de quelques principes solides. Le code mondial antidopage, élaboré par l’agence mondiale antidopage (AMA), s’impose comme la boussole universelle. Chaque année, la liste des interdictions évolue : elle distingue clairement les substances dopantes (stéroïdes, hormones, stimulants) des méthodes interdites (comme les transfusions ou les manipulations génétiques). À côté, certaines molécules sont classées comme substances spécifiées : leur usage peut exceptionnellement être toléré, à condition de justifier d’une autorisation d’usage à des fins thérapeutiques, et la procédure n’a rien d’un simple formulaire.

Qu’il s’agisse de sports collectifs ou d’épreuves individuelles, tout le monde est logé à la même enseigne. Les contrôles se multiplient lors des grandes compétitions, mais la surveillance hors saison n’est pas en reste. Les sportifs et leur entourage redoublent d’ingéniosité pour passer entre les mailles, tandis que les instances antidopage tentent de suivre le rythme, dans une lutte qui ne laisse aucun répit.

Quelles sont les substances les plus utilisées et comment les sportifs les nomment-ils ?

Dans les vestiaires, le langage change d’un sport à l’autre, mais certains produits dopants restent omniprésents dans les discussions. Les stéroïdes anabolisants dominent nettement. Surnommés « roids » ou « pompes », ils sont recherchés pour leur capacité à augmenter rapidement la masse musculaire et à accélérer la récupération. Leur structure chimique, voisine de celle de la testostérone, en fait l’une des cibles favorites des contrôles.

Dans des disciplines comme l’athlétisme ou le cyclisme, l’hormone de croissance, « HGH » pour les initiés, s’invite dans les routines clandestines. Son attrait ? Elle favorise la réparation des tissus et améliore la résistance à l’effort. Les surnoms varient, parfois réduit à « la potion », souvent échangé à voix basse entre initiés.

Les glucocorticoïdes, ou « corticos », servent essentiellement à masquer la douleur ou à retarder l’apparition de la fatigue. Leur usage est strictement encadré, car ils appartiennent à la catégorie des substances spécifiées et peuvent, dans certains cas, être administrés sur avis médical. Mais le risque de détournement n’est jamais loin.

Impossible de passer sous silence l’EPO (érythropoïétine), appelée « Epo » ou « soupe » dans le jargon du peloton. Ce produit booste la production de globules rouges, améliorant sensiblement l’endurance, un avantage décisif dans les sports d’endurance.

Derrière ces appellations codées, l’objectif reste le même : détourner l’attention et déjouer les contrôles. Mais une analyse chimique ne se laisse pas berner. Cette profusion de surnoms trahit un univers où l’innovation côtoie la transgression, et où la limite entre soin et dopage se brouille un peu plus chaque saison.

Jeune femme coureuse passant devant un banc de parc en ville

Conséquences sur la santé, responsabilités et leviers pour prévenir le dopage

Les effets secondaires de ces substances vont bien au-delà de la simple prise de masse musculaire. L’usage répété de stéroïdes anabolisants ou de glucocorticoïdes s’accompagne de troubles cardiovasculaires, de déséquilibres hormonaux sévères, mais aussi d’une dépendance sur le plan psychologique. Le constat médical s’aggrave rapidement : toxicité pour le foie, troubles du comportement, voire accès psychotiques selon les molécules. Quant aux résultats des analyses, ils peuvent révéler des anomalies, mais les séquelles laissées dans l’organisme sont parfois irréparables.

La responsabilité ne s’arrête pas aux portes du vestiaire. Encadrants, entraîneurs, parfois même des médecins, participent, par inattention, ignorance ou complicité, à la mise en place de parcours dopants. Les réglementations, orchestrées par l’agence mondiale antidopage et le code mondial antidopage, imposent une surveillance renforcée. Pourtant, la sophistication des méthodes et la diversité des molécules compliquent la tâche des contrôleurs.

Leviers pour la prévention

Plusieurs axes d’action se dessinent pour limiter le recours au dopage :

  • Renforcer la prévention dopage dès la formation initiale des sportifs.
  • Lancer davantage de campagnes pour un transfert des connaissances efficace vers les encadrants.
  • Faire évoluer le processus d’homologation des traitements, afin de limiter les détournements.
  • Pousser vers une réglementation plus coercitive et développer la coopération internationale.

Rien n’est figé. À chaque nouvelle molécule, à chaque produit détourné de sa vocation première, les listes d’interdiction s’ajustent et les acteurs du monde sportif doivent sans cesse se remettre à niveau. Rester attentif, former, adapter : le combat n’est jamais terminé, et la vigilance ne se met jamais au repos.